Portes ouvertes et portes fermées

Comme dans un rêve

Un battement sourd au loin. Puis un second, et un troisième. Un rythme commence. Hypnotique. Je ferme les yeux. Les rouvre. Ce n’est plus pareil. La rivière est toujours là, la plage de galets aussi, l’horizon vert de milles feuilles frissonnant sous le vent, tout est là… et pourtant, quelque chose a changé.
Debout, immobile, je ne tourne que ma tête, cherchant d’où peut bien provenir le chant du tambour. Ce doit être par là-bas, sur ma droite, entre ces arbustes près de cette maison. Oui, je crois distinguer des couleurs vives qui tranchent avec l’harmonie presque terne précédant une averse qui m’entoure et m’emporte. Loin. Si loin. Jusqu’où ? Cela importe peu. Je voyage. Sans bouger.
Le son du tambour s’efface, je vois surgir de nouvelles formes. Entre les buissons se cachent des murmures ; je tends l’oreille, je veux les entendre. Un mouvement vif attire mon attention. Dans l’eau, une vague semble contraire au courant. Je plisse les yeux, me penche, et la surprise et l’émerveillement me viennent aussitôt face à pareil spectacle. Une vipère, ondulant d’une danse effrénée sur l’eau plutôt que de nager en dessous, tient un petit poisson dans sa gueule. Cadeau de la nature. Les mots me fuient. Je… peut-être que…

Eveil de l’âme dans le vent furieux / Impression fugace d’une porte qui s’ouvre / En moi.