Portes ouvertes et portes fermées

Entre vie et mort

Pensées embrouillées, souvenirs confus. Une sensation de renaissance comme si j’étais morte et que je revenais à la vie, pour mourir aussitôt à nouveau. C’est l’état dans lequel je me retrouve parfois, le lendemain de soirées endiablées. Entre confusion et clarté. Perdue parce que j’ai l’impression de ne rien comprendre, de devoir ré-apprendre tout petit à petit. Cependant, il me vient aussi des éclairs d’une lucidité troublante. Comme si au milieu du brouillard je pouvais mieux repérer la discrète lumière d’une solution, d’une vérité.
Un flash de souvenirs. Debout, dansant sur une table, entourée de gens qui tendent leurs mains vers moi, je me sens heureuse. Ils ne me connaissent pas, je ne les connais pas, mais ce soir, pendant quelques heures, cela n’a aucune importance car nous sommes liés. Liés par l’envie de faire la fête, l’envie de ne pas se demander qui est qui et qui fait quoi, juste l’envie de vivre l’instant et de partager ce bonheur avec d’autres. Waouh, c’était magnifique… et effrayant en même temps. C’est comme alterner entre sortir la tête de l’eau en perçant la glace qui bloquait l’accès à la surface et plonger pour se noyer avec tous ces gens, toutes ces personnes. Hier, j’avais l’impression que le monde m’appartenait. Aujourd’hui, je ne sais plus si j’appartiens au monde.
D’autres souvenirs, plus précis, cette fois. Mes mains entourent la taille d’une nana, nous nous embrassons à pleine bouche. Notre baiser s’intensifie, je resserre mes mains, je voudrais qu’elle reste contre moi. Mais je sais que je ne peux pas la retenir indéfiniment ; la soirée a toujours une fin. Bientôt, tout ce monde que j’ai aimé et adoré rencontrer ce soir m’oubliera. Je souris une dernière fois à ceux qui m’entourent et je m’en vais. Dehors. Seule.
J’aimerais arrêter de me rappeler de tout ça. Sauf qu’on ne peut pas toujours tout contrôler. Je suis dans les bras d’un mec. Il sourit stupidement ; déjà bourré à un stade supérieur au mien. Je fixe ses yeux noirs. Il veut m’embrasser, je tourne la tête… il m’embrasse dans le cou et cette fois je n’arrive pas à m’éloigner. C’est si agréable de se laisser aller.
De nouvelles images apparaissent dans ma tête ; je les laisse venir, défiler, et fuir se cacher dans un recoin de ma mémoire. Je ne veux pas les analyser. Je ne sais même pas vraiment ce qui domine comme sentiment au fond de moi. Suis-je davantage honteuse ou fière ? Ai-je plus honte de m’être laisser aller, d’avoir laisser mon instinct prendre le dessus ? Ou bien suis-je plus fière de moi-même maintenant, après avoir passer une soirée entière à désirer et à être désirée ? Je ne sais pas… je n’en sais rien.
Je danse, encore et encore, sans jamais me lasser. La musique m’emporte, je ne cherche même pas à la reconnaître, je ne fais que danser en rythme avec un son plus ou moins rapide. Danser et sourire. Saisir une main, en lâcher une autre. Changer de partenaire, recommencer à danser, à rire, à draguer. Vivre le temps d’un soir ce que je ne m’autorise pas en général.
Trop de souvenirs… je crois que je vais retourner me coucher.