Portes ouvertes et portes fermées

"I can't even save myself !"

Comment le sait-on ? Comment on sait qu’on a franchi la limite ? Est-ce quand les gens finissent par être agacés, énervés, et qu’ils nous crient dessus ? Ou quand ils partent, les uns après les autres, et qu’ils ne donnent plus aucune nouvelle, qu’ils nous fuient ?

Parfois, quand je marche à travers la ville, que je passe à côté de personnes qui parlent, je crois entendre mon prénom. Cela m’est arrivé quatre fois déjà. En deux jours. Et à chaque fois, je sais qu’il ne s’agit pas vraiment de mon prénom, que personne ne m’appelle, qu’il n’y a même personne dans les environs qui porte ce prénom, et que c’est juste mon cerveau qui chope des sons autour de moi et les assemble pour former mon prénom. Ça sonne comme de la torture. Comme s’il y avait des gens qui ont besoin de moi, alors qu’en fait non. Comme s’il y avait des gens réceptifs à cette aura de souffrance que je traîne, alors qu’en fait ils ne la voient pas. Ils ne me voient pas. Here we are… je suis devenue une sorte de caméléon. La fille fantôme. Un "Wakefield" moderne. Putain ça craint.

Pourquoi y a encore des gens qui me font croire qu’ils n’arrivent pas à faire les choses correctement et qu’il faut que je les aide ? Ils mentent. Ils se mentent à eux-mêmes. Et je le sais. Parfois, je le leur dis. Ils ne me croient pas, bien sûr. Mais ils sont capables de bien faire les choses, c’est juste qu’ils n’ont pas confiance en eux. Et ils veulent que je leur montre comment avoir confiance en eux… alors que je n’ai moi-même pas confiance en moi. Je ne peux pas trouver le remède pour un autre alors que je ne l’ai pas trouvé pour moi et que ce remède, cette solution, nous sauverait tous les deux. Si je ne peux pas m’en sortir moi, comment tu veux que je t’aide, toi, hein ? Tu peux bien essayer de me disséquer, tu n’y trouveras rien de plus que ce que j’ai déjà vu. Le cauchemar, je le vois tous les jours, et j’ai pas besoin que quelqu’un d’autre me rappelle tout ça.