Portes ouvertes et portes fermées

"I shouldn't do it, shouldn't do it..."

Le même schéma. Again and again. Une idée surgit, elle paraît magnifique et elle me possède. J’organise mon coup, je réfléchis à comment mettre en place les choses, à mes capacités, à ce que je peux améliorer. Et ensuite, je me lance. Bam, confrontation avec la réalité. Oh, moi, bien sûr que je vis quelque chose d’important. J’ai mon moment, je sens l’effleurement de la légèreté, de l’amusement. Mais… il n’y a aucun écho. C’est comme si je lançais une pierre dans l’eau mais qu’elle ne faisait aucune vague, qu’elle coulait au fond sans faire bouger quoi que ce soit.

Le destin a un sacré sens de l’humour. Ce soir, j’ai pété mon téléphone. Au moins comme ça si mon père me harcèle de messages, je ne verrai pas ça. En fait, je réalise que mon téléphone ne me sert qu’à écouter de la musique.

Je ne devrais pas avoir de mains. A quoi servent des mains qui ne touchent rien ? Ah, si, je sais : à prendre un verre, le descendre, le payer, et à prendre le suivant. Je ne devrais pas penser ça. Je ne suis pas une alcoolique. Et je n’ai pas vraiment envie de songer à ce à quoi doit ressembler au quotidien la vie d’une personne qui n’a plus de mains.

Observation du monde. Fascinant et décevant à la fois. J’aurais pas dû sortir. La preuve : je suis déjà rentrée chez moi. C’est tellement… raisonnable, ça ne me ressemble pas. Encore quelque chose qui me perturbe, qui me fait penser à nouveau qu’il faudrait peut-être que je vois un psy. "Ah ouais ? On a pas besoin d’un psy, Rey. On a besoin de personne. On a nous et le reste on s’en fout. - Je sais pas… Je continue de croire qu’au mieux le psy peut nous aider et qu’au pire il pourra pas nous faire plus de mal. - Mouais… la dernière fois, on est ressortie en pleurs et on en a pris plein la gueule. Tu veux vraiment entendre quelqu’un nous dire qu’on est complètement paumé et qu’on ne vaut rien sans nos parents ?"

Non, je ne devrais pas penser à un psy. Il y a déjà assez de mots qui tournent dans ma tête sans que quelqu’un d’extérieur vienne en rajouter.