Portes ouvertes et portes fermées

Je rêve d'être loin de tout ça

Loin de ces gens qui m’indiffèrent, de ces problèmes futiles liés aux études ou au boulot. Je rêve constamment d’être enfin libérée de ces fardeaux, de ces poids qui m’entraînent encore plus vers le bas ; j’ai déjà mes propres difficultés, normal que je veuille essayer de me débarrasser de tout ce dont je peux me défaire, non ?
W m’a dit qu’elle n’a pas d’amie plus proche que moi, que je suis la seule personne avec laquelle elle peut être elle-même. Cela m’a fait sourire d’entendre ça, mais cela m’a aussi fait pleurer… Parce que je ne veux pas entendre ça, en vérité. Je ne peux pas, je ne peux pas être comme elle, me confier sans crainte d’être jugée, être moi-même… je ne peux pas. Et quelque part, je m’en veux de ne pas pouvoir. Alors que pourtant, ce n’est pas uniquement ma faute, c’est aussi parce qu’il manque certaines choses à W pour qu’elle puisse me comprendre. Elle n’y peut rien et moi non plus. C’est si étrange. Comment se fait-il que je sois cette personne aux yeux de W ? Alors je ne peux pas me confier mais on peut se confier à moi… C’est lourd à porter, comme situation.
Dès que je vois un petit morceau de liberté, que je passe une soirée devant un feu de bois, que je suis perchée dans un arbre à écouter le vent siffler son murmure dans mes oreilles, que l’on me raconte qu’il existe des communautés de chamanes ou de sorciers, je me sens à nouveau vivre. Peut-être qu’il me suffirait de ça, et que je pourrais tenter de me retrouver si je me débarrassais déjà du fardeau qui encombre ma vie actuelle, c’est-à-dire, cette image de jeune femme sérieuse et intégrée à la société.
J’aimerais être loin de W, ne plus la revoir, ne plus lui parler. Idem avec ma famille. Je veux me couper de ce qui m’empêche de guérir. Parce que même si je ne suis pas certaine qu’il y ait une possibilité de guérison, une solution pour que je puisse aller mieux, si cette solution existe je suis convaincue qu’afin de ne pas la manquer je ne dois pas m’encombrer de ce dont je n’ai pas besoin. Le prochain Noël, je ne le passerai pas ici ; je me le suis promis. Je n’en peux plus de tout ça. Je veux être libre.