Portes ouvertes et portes fermées

Mémoire traîtresse

Un blanc d’environ une heure dans ma soirée d’hier. Je me rappelle des bars, de Mev, plus ou moins de ce qu’on s’est raconté. Sauf que d’un coup, je me retrouve sur le chemin opposé à celui qui me ramènerait à mon appart, avec deux types que je ne connais pas qui me parle d’un pote à eux ayant de la coke. Et je n’arrive pas à capter comment j’en suis arrivée là. Je sais juste un truc : j’ai réussi à me débarrasser des types avant de retrouver le chemin de ma coloc et j’ai pas cédé à la tentation de les suivre et de me droguer. C’est fou ça, à croire que parfois même quand on m’offre le moyen d’oublier mes problèmes ben non faut que mon abrutie de conscience refuse et que je continue de me torturer. J’avais écrit un truc sur la mémoire, une fois ; je vais le recopier là, histoire d’en garder une trace.

"perdre sa mémoire
ou craindre le pire pour rien
oublier le savoir
ne garder que l’instinct
pour unique certitude
pour unique habitude
et poursuivre une quête sans fin
entre Dame vérité et Dame hérésie
on ne peut choisir un chemin
qu’en surmontant l’oubli
le doute comme ennemi
les tourments de la folie
égarements infinis
milles questions sans leurs sœurs
les réponses du cœur
aucune frontière définie
peut autant libérer l’esprit
que l’enserrer dans la peur
d’une inconnue douleur
passé ignoré et présent torturé
parents d’une absence de futur
parents d’enfants égarés
Père et Mère des brisures
qui se cachent dans l’âme
dans le corps et dans le sang
la maladie devient lame
dont la vie fait le tranchant
et la mort nous tient la main
et l’autre main tape le front
et tout paraît sans fond
couteau comme destin
coupure d’un jour
pouvant rompre le fil
ou juste rendre sourd
main qui se défile
qui tremble de confusion
l’esprit laisse échapper le nom
couteau comme pression
et peur délicieux poison
l’explication est piège
ou soulagement faux
du fardeau qu’elle allège
avant de nous briser le dos
si l’on ne naît pas sous l’étoile
à la fois fragile et fort
nous méconnaissons ce qui dort
ce que dissimule le voile
d’une mémoire traîtresse
d’un moment de faiblesse"