Portes ouvertes et portes fermées

"Non, tu ne sais pas qui je suis."

Et c’est vrai. Même Mi qui pense qu’elle peut "lire en moi comme dans un livre", ne me connaît pas vraiment. Elle ne sait pas qui je suis, qui se cache derrière le masque. En vérité, derrière le masque, il y a la fille hypersensible, la jeune femme qui se moque du monde, qui ignore ce qui est vrai comme ce qui est faux, la nana en apparence froide et insensible qui ne veut pas montrer aux gens combien elle souffre. Je sais que Mi tente de me percer à jour. Mais elle ne pourra pas le faire. Elle ne pourra jamais y arriver. J’y croyais, au début. Sauf que maintenant, après tout ce que j’ai vécu cette année, je sais qu’elle n’y arrivera pas. Comment pourrait-elle savoir ce que ça fait ? Ce que l’on ressent lorsqu’on est si éloigné de la réalité qu’on commence à doute de sa propre existence. Ou ce qu’on sent quand on est si vide de toute émotion qu’on se demande encore si on appartient à l’espèce humaine. Non, elle ne pourra pas plonger aussi profondément dans les ténèbres. Et encore, je sais que ce n’est pas une bonne définition de parler de "ténèbres". Parce qu’il serait plus juste de parler de "manque", de "vide", de "perte" ou encore de "gouffre". Bien sûr que Mi ignore ce qui ne va pas chez moi, puisque moi-même je l’ignore.