Portes ouvertes et portes fermées

Soirée surprise

D’abord, ce n’était pas prévu. J’ai eu l’idée comme ça et j’ai fait ce que je sais faire le mieux : n’importe quoi. Donc, j’ai écrit à No pour qu’on se voit et qu’on fasse une soirée ensemble. J’ai la désagréable sensation d’avoir servie de cobaye à un test dont on ne m’avait pas averti… No n’a pas semblé surprise lorsque je lui ai dit que j’avais oublié son cadeau chez moi ; sans vouloir être parano, c’est à croire qu’elle était certaine que je n’avais pas de cadeau pour elle, alors que c’est totalement faux vu que j’avais quand même fini par en trouver un, de cadeau. Ensuite, ce petit manège du "on se retrouve à tel endroit", "ah, finalement, plutôt à tel endroit" et au final, je me suis retrouvée dans un tête à tête quelque peu forcé avec Lu et Ma, deux de ces fameuses anciennes "amies". Elles ne sont pas restées, comme si elles voulaient simplement me voir vite fait, m’analyser en vitesse, et en discuter entre elles dans mon dos. Je ne dis pas que c’est forcément ce qui s’est passé, mais c’est tout ce à quoi je peux penser après les avoir revues. Elles ont compris la marche du monde, pas moi. Alors j’ai joué les hypocrites. Le mot d’ordre ? Joue le jeu et tais-toi ; fais semblant et fais croire que tout roule, que tout va pour le mieux. Et personne n’a cherché à voir au-delà, bien sûr. Un autre complot que je crois distinguer, celui de No qui se ramène avec une nana que j’avais connue il y a longtemps et que je n’avais plus vue depuis pas mal d’années. Pourquoi elle a décidé d’intégrer cette fille à notre petit soirée, hein ? Je ne vois pas trente-six solutions. Et la plus probable est celle qui me fait le plus de mal. No a tenté de me caser. J’admets que revoir Eni c’était cool. Sauf que c’est encore une preuve que No ne sait pas du tout qui je suis. Parce que si elle savait, elle n’aurait pas mis Eni devant moi et mes envies de dépravée. J’essaye parfois de les avertir, subtilement, au travers de blagues, mais comme souvent, on ne me prend pas au sérieux. C’est toujours ce qui se passe : soit les gens ne voit pas le monstre en moi et s’entêtent à me croire innocente, soit les gens le voient parce qu’ils en sont directement victime et c’est trop tard, ils en souffrent et ensuite, ils s’en vont. Cette soirée imprévue, ces retournements de situations, ces petites surprises - que pourtant je pressentais au fond de moi ; comme souvent, mon instinct me soufflait qu’il y avait quelque chose de bizarre -, cela n’a fait que m’énerver un peu plus, me rendre un peu plus amère. Elles ne me croient pas lorsque je dis qu’il y a une part dangereuse en moi ? Très bien. Je vais le leur prouver, dans ce cas. Et lorsqu’elles s’enfuiront pour ne pas souffrir encore plus, je les regarderai partir en pensant : "il ne fallait tout simplement pas jouer avec le feu, bande de petites gamines écervelées."