Portes ouvertes et portes fermées

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novembre 2018

Des mots sans pouvoir

"Le sommeil ne vient pas. Pas de sommeil, pas de repos. Jamais. Les démons ne connaissent jamais de repos, alors pourquoi lui pourrait-il connaître cette paix inaccessible ? Et pourtant, ce qui nous manque le plus ne peut être que quelque chose que l'on a déjà connu ; c'est ce que l'on dit. Mais qui a dit ça ? Il s'en moque. La seule chose qu'il veut, c'est dormir. D'un vrai sommeil, de cet abandon au monde des rêves qui permet de se déconnecter de son corps et de ces pensées parasites tournant en boucle tel un vieux vinyle qu'un dieu malveillant s'amuserait à repasser (...)

"Please, let her go."

Quelque chose me fait beaucoup réfléchir, ces derniers temps. Je vais partir, c'est une certitude. Je vais m'en aller, tenter l'aventure, marcher au hasard, croiser le chemin de certains et quitter des yeux celui de d'autres. Je ne vais laisser que peu de personnes derrière moi. Il y aura ma mère, mon petit frère N, mon chat Lou, W, Sol, et je pense que c'est la fin de la liste. Courte liste. Mais liste tout de même. D'où ma question : comment leur dire "au revoir" ? Au départ, je songeais à faire une lettre ; on finit par connaître mon grand amour des lettres, n'est-ce pas ? Enfin (...)

Au cœur du cœur

La sauge brûle, sa fumée emplit la pièce. Je vois le léger brouillard, je le respire. Parfois, je me surprends à observer le sol de ma chambre, à suivre du regard les entrelacs du parquet de bois. C'est comme lorsque je regarde les nuages dans le ciel ; j'y vois des formes. Je vois des sorcières se réunirent, une tête de loutre faisant face à celle d'un ours, un géant au marteau... j'observe et découvre milles histoires. Je médite une heure, peut-être deux ; je ne compte plus le temps, je ne me préoccupe plus de l'heure. Je cherche des réponses. J'explore tout ce qui se (...)

"Au-dessous du volcan, je l'entends, je l'entends, j'entends battre son cœur !"

Et la musique et ses paroles troubles demeurent mes seules compagnes... La nuit dernière, j'ai rêvé, je ne me souviens plus de ce rêve, je ne sais qu'une chose, c'est que j'y parlais uniquement en anglais. La première fois que je fais un rêve dans une autre langue que ma langue natale. Peut-être un signe que j'arriverai finalement à maîtriser correctement cette langue, un jour. Une sorte de routine semble s'installer. Quelque chose comme un changement de lieu de vie tous les trois ou quatre jours environ ; je pars en famille, reviens à ma coloc, puis reviens chez ma mère etc... (...)

Esprit de contradiction

"Pourquoi tiens-tu tant à partir en forêt ? - Parce que tu crois que je n'y survivrai pas." Cela ressemble quelque peu à la façon dont je vois les choses. Je veux partir pour prouver ma valeur. Oh, ce ne sera pas un exploit digne d'être raconté et su par tous ; peu de monde en aura connaissance et à vrai dire ce n'est pas plus mal. C'est avant tout à moi-même que je veux me prouver quelque chose. Et peut-être aussi que j'ai l'espoir - que je déteste ce mot ! - que par un quelconque moyen cette force se voit ensuite à travers moi et qu'un jour, si je devais recroiser le chemin de (...)

"Hey stoopid !"

"Hey, hey, hey, Hey stoopid ! What you trying to do ? Hey, hey, hey, Hey stoopid ! They win, you loose !" Je suis fichue, je suis un monstre. W semble croire encore en moi... je me demande encore pourquoi elle tient à me voir, à m'appeler, à revenir ici pour me parler en face à face, à prendre de mes nouvelles et à me dire ce qu'elle devient, elle... Tout cela est inutile. Elle est comme tant d'autres ; elle ne peut rien pour moi. C'est simple, en fait. Les gens comme elle pensent qu'ils peuvent sauver, qu'ils ont suffisamment de forces pour cela. Et un jour, ils réalisent que c'est (...)

Pensées vagabondes

Retour à la maison. Ma mère et mon frère qui discutent du monde, de la politique, des gens, des manifestations... et moi qui écoutent d'une oreille distraite en me sentant comme Lorenzo de Médicis de la pièce de Musset ; je me fiche de ce qu'il se passe, de ce que font les gens, et surtout, je sais bien à quel point tout cela est futile. Un souvenir qui me hante. Le souvenir de D et moi, de cette idée stupide que j'ai eue, de ce moment où je lui ai taillé une pipe, et de notre conversation après. "Pourquoi tu m'as embrassée ?" - "Tu me plais, tu es belle, tu m'as attirée depuis (...)

Lorenzaccio - extrait

ACTE III, scène 3 LORENZO Suis-je un Satan ? Lumière du ciel ! Je m'en souviens encore ; j'aurais pleuré avec la première fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire. Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice, comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de la fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J'avais commencé à dire tout haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant - ô Philippe ! j'entrais (...)

Un jour inutile

Je trouve enfin le temps de mettre le peu d'ordre que je puisse tenter de mettre dans les événements qui se sont passés hier... et je crois encore une fois qu'il vaut mieux que je n'analyse rien, que je me contente de relater les faits. No m'a recontactée. On avait prévu de se voir mais au dernier moment, j'ai annulé. Je ne me sentais pas de la revoir, en fin de compte. Pour être plus exacte, hier je ne voulais voir personne. Je ne voulais même pas sortir de chez moi. Couchée sous ma couette, les yeux tantôt rivés au plafond, tantôt tournés vers la fenêtre et le ciel (...)

"N'essaye même pas."

Des affaires, des papiers, quelques rendez-vous... le temps écrase tout ça et en fait des miettes que les gens oublient peu à peu. Tant mieux. Parce qu'on me laisse ignorer tout ça, que l'on ne cherche pas à me le rappeler, et qu'à force il n'y a plus personne qui a envie de me secouer, de me faire réagir. Je ne veux pas qu'il y ait quelqu'un qui le fasse, jamais. Parce qu'il ou elle échouera forcément. Parce qu'ils échouent tous. Toujours. Je n'arrête pas de penser à des phrases qui commencent par : "Quand je partirai...". Mais je me sens déjà si loin ! Ce ne sera pas vraiment (...)

Le point de non-retour

L'ai-je déjà atteint ? Existe-t-il seulement ? Je ne sais pas ; on dirait que ma déchéance est sans fin, sans fond, que plus je trouve quelque chose d'horrible à accomplir et plus il me vient d'idées encore plus horribles que cette dernière. Mev, D, et tous les autres ne sont que des distractions... mais parfois j'aimerais qu'ils soient davantage. Parfois, oui, me revient quelque minuscule parcelle mourante au plus profond de moi qui hurle à l'espoir. Ce maudit espoir, ce sentiment qui maintient en vie tout autant qu'il peut accélérer le temps de la mort. Chaque jour, à chaque (...)

Lutte - première bataille

Une lutte contre moi-même, ça promet... Mais je me dis qu'il faut au moins que je tente quelque chose, que je change un peu, même si ce n'est qu'un peu. Ces dernières semaines ont été les pires ; j'ai arrêté de compter combien je dépense, combien de fois j'ai menti, combien de nuits blanches j'ai passées, combien de cachets j'ai pris. Non, maintenant ma nouvelle obsession c'est le mah-jong, compter les duos et les numéros, chercher les combinaisons... j'en fais des parties tout le temps, je finis même par en rêver la nuit. Je crois qu'il y a un nom pour désigner les gens qui (...)