Portes ouvertes et portes fermées

Dans les nuages de neige

Il paraît qu’il neige chez ma mère. Elle me l’a écrit et j’ai vite mit mon tel en mode avion pour ne plus recevoir ses milles textos dans lesquels elle s’extasie sur ce phénomène. J’avais trop de mal à supporter les nouvelles joyeuses, balancées comme ça à distance, alors que je ne la vois pas, moi, la neige, pas plus que je n’arrive à me réjouir de quoi que ce soit. Si je n’étais pas d’humeur aussi sombre, j’aurais volontiers tenté d’écrire un poème à partir de ces "nuages de neige", comme elle les appelle.
Totalement à l’ouest, fatiguée pour un rien et dans un état de panique intérieure - la panique face à mon vide et à mon absence d’émotion - caché par une façade de froideur que je traîne partout avec moi, voilà mon nouveau mode de vie. Est-ce qu’on peut appeler "vie" ce que j’endure ? Je ne crois pas non.
Tout à l’heure, en rentrant chez moi, j’ai eu une pensée soudaine. En réalité, si je continue de mentir sur mon état à ma famille, c’est uniquement parce qu’en faisant ça, je conserve une sorte de preuve que je maîtrise encore un tout petit peu les choses. Mais cela me paraît si dérisoire… en vérité, j’ai l’impression de ne rien maîtriser du tout, de ne même plus pouvoir maîtriser mon propre corps. La pensée suivante a été encore pire. Puisque je garde le masque du "tout va bien", ma famille ignore totalement à quoi je ressemble dans mes moments les plus difficiles. Et d’ailleurs, ma famille ne m’a jamais vue véritablement heureuse, si on poursuit sur cette pensée. OK, je crois que c’était mieux quand je me plaignais seulement de ne pas voir la neige…