Portes ouvertes et portes fermées

Faire un choix

Faire un choix, c’est forcément privilégier une décision au détriment d’une autre. Autrement dit, je gagne quelque chose et je perds quelque chose. La question est donc de savoir ce qui sera le moins problématique. Je ne dois pas réfléchir en termes d’émotions ou de sentiments, puisque je suis toujours incapable de me situer, à ce niveau-là. Je ne comprends pas ce qui me rend parfois si en colère que je dois faire appel à toute ma volonté pour ne pas cogner les murs et alerter mes colocataires. Je ne sais pas vraiment ce qui domine en moi lorsque je repense à No. Je suis tombée sur des photos d’elle, tout à l’heure. Elle et son frère. Elle et mes anciens amis. Elle et son copain. Elle et sa famille. Elle et son lapin. Elle et son chat. Mes réactions ? Sourire, la maudire puis la jalouser, pleurer sans raison, jeter ces photos loin de ma vue et de mon bordel émotionnel, regretter d’avoir fait ça puisque après tout ces photos sont un peu mes souvenirs à moi aussi, et ensuite plus rien. Le vide. Plus de colère ni de joie ou de tristesse. Juste… rien.
Maintenant donc, je dois faire un choix. Lequel ? Celui-ci : faire semblant d’être accessible ou faire semblant d’être inaccessible. Option 1 = dire que j’étais stupide, que les disputes sont nées à cause de moi et de certains problèmes que je n’arrivais pas à gérer, courber l’échine devant les propos cinglants que pourraient avoir ces fameux anciens amis que je vais inévitablement revoir… en gros, montrer que je suis vulnérable et quémander un pardon pour réintégrer le groupe. Option 2 = me montrer fière et absolument pas gênée par quoi que ce soit ni par qui que ce soit, prendre de haut quiconque me ferait une remarque déplacée, dissimuler ce qui me blesse… en gros, montrer que je n’ai pas besoin d’eux mais que j’accepte de tolérer leur présence. Dans le premier choix, je regagne mon ancienne place auprès du groupe - celle de la fille qu’on oublie facilement et qui sert juste de confidente idéale - mais je perds le peu d’estime qu’on pouvait me porter. Et le second choix me fait gagner une nouvelle place dans le groupe, une place de meneuse en quelque sorte, tout en me faisant perdre la possibilité qu’un jour l’un d’entre eux se décide à voir ce que je cache derrière la façade "sans cœur".
Au final, la question est : ai-je encore l’espoir que quelqu’un fasse comme moi, c’est-à-dire, cherche à voir au-delà des apparences ? Je ne pense pas avoir assez d’espoir pour me laisser tenter par la première option. Je choisis la garce sans cœur.