Heures de vides
A quoi ça peut bien ressembler, des "heures de vide" ? Eh bien, j’ai quelques exemples en tête. Aller voir un film au ciné seule, une anesthésie générale de 2h, un abus d’alcool proche du coma. Ah, je pense que c’est déjà pas mal pour définir ce que j’entends par "heures de vide".
En fait, là je sors d’une séance de cinéma. Environ 2h40 où j’ai oublié tout, ma vie, mes problèmes, plus rien n’existait. Il n’y avait que le film et son histoire qui m’emmenaient loin, très loin, de moi-même. Hé, chacun sa drogue ! Y en a c’est la clope, d’autres l’alcool, ben moi c’est les histoires. Livres, films, dessins, contes, tout ce qui a une histoire à raconter me fascine. C’est un peu mon échappatoire à moi.
Je dois quand même avouer qu’au début, quand j’ai vécu pour la première fois ces moments vides, j’ai paniqué. On allait m’arracher quatre dents de sagesse ; quand on m’a posé le masque avec le gaz pour m’endormir, j’ai eu une de ces peurs ! Je ne voulais pas de cet abandon, de cette défaillance, de cette sensation de ne plus rien contrôler du tout, de perdre mes forces, de ne plus rien voir, de ne plus rien ressentir et de me perdre quelque part où le temps n’existe pas. Idem pour le soir où j’ai trop picolé ; une énorme vague de panique. Le choc quand on a essayé de m’expliquer ce que j’avais vécu, dit, ou fait pendant les trois/quatre heures précédentes et dont je n’avais aucun souvenir. La peur quand j’ai commencé à imaginer le pire. Les tremblements quand je me suis mise à m’examiner sous toutes les coutures afin d’essayer de comprendre d’après mon état ce qui avait bien pu m’arriver. Le soulagement une fois que j’ai constaté qu’il n’y avait que quelques bleus et égratignures et aucun soucis ou embrouilles avec mes potes - potes qui étaient mes seules sources d’informations concernant mon passage à vide. Et enfin, après avoir compris que j’ai évité le pire, une seule et unique question lancinante : et si un jour, je l’atteins, le pire ?