Portes ouvertes et portes fermées

Marquée

Il paraît que j’ai - je cite - "gagné en assurance". Bien sûr. J’allais le dire. Bref. Des gens toujours aussi perspicaces vivent autour de moi, on dirait.

J’ai eu mon nouveau tatouage, ça y est. Nouvelle marque. Je suis marquée. Par l’encre, par la vie, par mes mauvais choix, par ma propre bêtise aussi. "Soyez insatiables, soyez fous." Merci, Steve Jobs. Des phrases comme celle-là, elles me marquent encore plus que les tatouages sur ma peau.

Message de mon père. Je l’ai découvert ce matin. J’avais envie d’y répondre, d’écrire et d’envoyer "merci, papa". Je n’en ai rien fait. Il m’a marqué, lui aussi. Et je crois que même si je vais le voir et lui parler, je ressentirai toujours cette fichue pointe de tristesse quand je me souviendrai de lui, de son existence. Il y a cette peine mais il y a également ma colère qui ne disparaîtra pas.
J’ai discuté avec mon tatoueur pendant qu’il travaillait avec son aiguille dans mon dos ; il est père de plusieurs enfants. J’étais en admiration devant cet homme, totalement admirative de l’entendre parler de sa progéniture avec autant d’amour. Et une fois de retour chez moi, j’ai lâché un ricanement amer en y repensant. En repensant à ma réaction. L’admiration. Comme si être un père aimant, affectueux, présent, sévère quand il le faut, solide comme un roc et toujours prêt à aider ses enfants, en somme être un père, un vrai père, était un miracle. Comme si c’était une sorte de légende, et comme si c’était normal du coup qu’un homme agisse comme l’a fait mon père. Qu’il m’abandonne. Ou qu’il fasse pire encore.

Je suis marquée par des émotions qui me bloquent. J’ai besoin de les laisser sortir. Désolé d’avance pour ceux que ça va bouleverser. En fait, non, je ne m’excuserai pas. Marre de m’excuser d’essayer de vivre.