Hier, ma mère m’a dit qu’elle avait croisé Lau. Intriguant ça, quand on sait qu’il y a quelques temps, je me suis remise à soudainement penser à elle, à ce qu’elle avait bien pu devenir. Le hasard et les coïncidences n’existent pas.
Et donc, Lau a fondé une famille. Elle a un mari et un enfant, une fille, je crois. Le choc. C’est toujours aussi bizarre d’apprendre que des amis à moi, ayant le même âge que moi ou alors juste un an de différence, sont en couple stable et ont des gosses. Tout ça à vingt ans à peine.
Je me souviens encore de Lau quand on était au collège. C’était la fille timide qui avait du mal à aller vers les autres, qu’on devait souvent rassurer et protéger ; une fois qu’elle avait intégrer la bande, elle était devenue notre "Petit champi". Surnom affectueux ; je ne sais même plus qui le lui avait donné. J’étais un peu comme elle, à cette époque-là de ma vie. Légèrement mal dans ma peau, renfermée, pas très sociable. Mais ça allait. J’avais des amis, dont Lau et NS, mes deux confidentes. J’ai dû passé deux ans dans un autre collège, loin d’elles, avant de les retrouver au lycée. Elles n’avaient pas vraiment changé. Moi par contre, j’étais devenue sauvage. Brusque, peu loquace, et solitaire. Un peu comme aujourd’hui, en fait. On pourrait presque dire que ma vie est faite de cycles ; années de joie innocente, d’amitiés fortes et de progrès faciles d’un côté, et de l’autre les années de réflexion, de solitude, et d’apprentissages gravés au fer rouge par la souffrance et la douleur. Où est donc la chamane dans tout ça ? En moi. Sauf qu’il faut qu’elle grandisse, qu’elle prenne sa place dans ma vie, qu’elle devienne moi et que je devienne elle. Une seule personne, forte et fière. Solide. Un roc au milieu de l’océan auquel pourront s’accrocher ceux qui ne savent pas nager.

Horizon barré par des murs à franchir / Escalade immatérielle / Vers la vie.