Portes ouvertes et portes fermées

Un jour inutile

Je trouve enfin le temps de mettre le peu d’ordre que je puisse tenter de mettre dans les événements qui se sont passés hier… et je crois encore une fois qu’il vaut mieux que je n’analyse rien, que je me contente de relater les faits.
No m’a recontactée. On avait prévu de se voir mais au dernier moment, j’ai annulé. Je ne me sentais pas de la revoir, en fin de compte. Pour être plus exacte, hier je ne voulais voir personne. Je ne voulais même pas sortir de chez moi. Couchée sous ma couette, les yeux tantôt rivés au plafond, tantôt tournés vers la fenêtre et le ciel entièrement gris, j’avais l’esprit vide. Ensuite, j’ai commencé à songer à la mort, à construire cette fameuse petite histoire du "si je mourrais, qui me pleurerait ?", à imaginer ce que diraient les gens qui me connaissent ou plutôt qui croient me connaître. J’ai lancé un CD - je ne me souviens même plus lequel - que j’ai écouté un moment. Puis j’ai arrêté la musique, j’ai éteint mon téléphone et je me suis endormie. Je ne voulais pas savoir l’heure, programmer une alarme pour me réveiller, et surtout je voulais arrêter de penser, alors j’ai fuis vers le sommeil.
Lorsque j’ai rouvert les yeux, il faisait nuit. Après un temps de méditation, je me suis décidée à regarder l’heure. 20h14. J’ai appelé Mev et on est sorties toutes les deux dans des bars. Je ne sais pas pourquoi je l’ai appelée, pourquoi elle a accepté, pourquoi je suis sortie alors que je ne voulais pas sortir, pourquoi je suis allée me mêler au monde alors que je ne voulais voir personne. Je ne voulais même pas voir mon propre visage dans un miroir ; je les évitais tous, même les vitres, de peur d’y voir mon reflet.
On est sorties, on a bu, on a dansé, on a rencontré des gens… je me sentais enfermée à l’intérieure de moi-même, complètement inaccessible. Un gars m’a laissé son numéro. Et une nana m’a donné le sien une poignée de minutes après. J’ai noté tout. Et j’ai tout effacé dès que je suis sortie du bar. Un autre lieu de débauche, une autre ambiance, une nouvelle musique, de nouvelles rencontres… un couple de mecs très sympa, une fille totalement perchée que j’ai presque failli ramener chez moi, son meilleur ami qui n’arrêtait pas de tomber au sol et qu’on aidait tout le temps à se relever, des verres, encore des verres, un mec qui drague Mev ; je me sentais soudainement soulagée. Rien de ce que je faisais ne semblait avoir d’importance. Mais je finis toujours par être seule et cette fois n’a pas fait exception. Je voyais Mev et ce gars s’embrasser, je voyais mes deux amis gays danser ensemble, je voyais la fille bourrée perdue dans son monde et ayant sans doute déjà oublier mon existence, je voyais tout et une larme solitaire a coulée de mon œil droit. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre mes affaires et de m’en aller.
J’ai marché. Longtemps. Aucun autre moyen pour rentrer à ma coloc que de mettre un pied devant l’autre et d’espérer que mes jambes me soutiendront jusqu’au bout. J’ai marché et j’ai hurlé ma peine au vent glacial de la nuit et aux rues vides.