Un peu en exil
Vague à l’âme, cœur en peine. Des coups de soleil sur tout le haut du corps me rappelant la douce quiétude de ces deux jours plus "calmes". J’aurais bien sûr préféré que ma mère ne vienne pas avec moi mais tant pis, j’ai fait avec ; je n’avais pas vraiment le choix puisque c’est elle qui conduit. Sentiment étrange d’être en décalage renforcé par la présence de quelqu’un à mes côtés, de quelqu’un qui ne peut pas saisir l’ampleur de ce que je ressens lorsque je me plonge dans cette nature extraordinaire.
Et maintenant, le retour à la maison. L’impression d’être rester là-bas, de ne pas être totalement revenue, d’avoir laisser une part de moi dans cet ailleurs tandis que mon corps a docilement repris sa place dans cet appartement vide. Je dois toujours faire ça, après un séjour passé dans la nature. Je dois toujours me reprendre, retrouver les codes de la vie habituelle. Parfois, j’ai un sourire amusé en songeant que c’est comme si je me transformais en ourse et qu’une fois de retour en ville il me fallait ré-apprendre à être humaine. Ces pensées-là, ma mère ne les connait pas. Elle, elle se détend. Moi, je vis comme une seconde naissance à chaque fois. Alors, quand elle m’a dit sur un ton de reproche que je "parle plus que ça, d’habitude...", que pouvais-je bien lui répondre ? Que mon silence ne signifiait pas que je veille l’ignorer et qu’il n’était qu’une manière de lui "dire" ce que je pensais par rapport à ce qu’elle disait, c’est-à-dire, rien ? Ou que ce silence n’était pas totalement volontaire, puisque mon esprit était alors bien loin de ses tracasseries qu’elle ne semblait pas se lasser de me raconter ? J’ai essayé de lui donner quelques phrases vagues en guise de réponse, et elle a dû s’en contenter. Moment agaçant. A quand le prochain ? Bientôt, malheureusement.
Décalage. Même mon sommeil est bizarre ; je dors souvent ma nuit entre 5 heures du matin et 14 heures de l’après-midi, en ce moment. A moitié dans un monde et à moitié dans l’autre. C’est fou le nombre de gens qui sont insomniaques ou qui ont des problèmes de sommeil. Et qui se retrouvent ensemble à papoter en ligne à des heures impossibles. Je suis toujours en décalage. Pas vraiment sûre de ce que j’aime ou de ceux que j’aime. Parfois je comprends les choses avant les autres, parfois après, mais jamais en même temps. Pourtant, je fais partie de ce monde, moi aussi. Alors, que me manque-t-il pour me synchroniser avec ce monde ? Pour ne plus être déchirée de toutes parts ?