Le charme du vide
J’aime beaucoup les films d’horreurs. En fait, ça fait longtemps que je n’en ai pas regardé un ; je devrais m’y remettre, d’ailleurs. Ma mère et mon frère trouvent que c’est bizarre d’aimer ça, de rigoler devant des scènes où des gens meurent… mais moi je réponds toujours que je ris justement parce que c’est pas la réalité, que je sais que c’est du faux, et qu’en plus souvent les morts sont ridicules et tellement irréalistes que ça tient plus de la comédie macabre qu’autre chose. Enfin, bref, tout ça pour dire que je me retrouve à cacher certaines choses que j’apprécie à ces deux-là qui sont les deux seuls membres de ma famille se conduisant de façon à peu près normale avec moi.
C’est étrange, cette manie qu’ont certaines personnes d’immédiatement rejeter quelque chose avec un dégoût catégorique et même immuable. Je ne sais pas, moi, au lieu de froncer le nez et de lâcher que "c’est pas normal d’aimer ça ou de faire ça", faudrait peut-être essayer de comprendre et de rabattre un peu ses œillères, non ? Je pensais que ma mère n’était pas comme ça, qu’elle était cette personne qui, à mes yeux, représente le mieux ce que l’on entend par ouvert d’esprit. On dirait que ce n’est pas vraiment le cas.
"Il ne faut pas regarder le gouffre car il y a, au fond, un charme inexprimable qui nous attire." Petite citation de Gustave Flaubert. Je sens que cette phrase me parle, que je suis exactement comme ça. Je suis du genre à me pencher et à regarder au fond du gouffre, à tenter de percer le mystère de ce vide. Quand je trouve quelque chose étrange ou déroutant, je prends du recul et je tente de comprendre. Et parfois même, il m’arrive de découvrir des facettes, jusque-là insoupçonnées, de moi-même. Ce qui est considéré comme dérangeant, terrifiant, ou encore dangereux, est en réalité quelque chose d’incompris. Et justement, c’est ce que j’adore essayer de comprendre. Je me plonge dans ces idées ou ces actes qui hérissent le poil, qui font frissonner, qui donnent envie de fuir au loin sans se retourner, et je ne m’arrête jamais à l’étiquette "anormal". C’est d’ailleurs grâce à cette façon que j’ai de ne pas rejeter le charme du vide hors de mon esprit, que j’ai su que j’étais bi et que j’ai fait certaines des plus belles rencontres de ma vie.