Lettre à Steph #3
Grand-frère,
Je… je voudrais tant que tu sois là. Que tu me dises ce que j’ai besoin d’entendre et que personne n’est là pour me dire. Des phrases comme celles que je viens de lire : " Tu as assez porté le monde. Laisse quelqu’un te porter, toi, pour une fois."
Tu sais, hier Maman a dit que A lui faisait penser à une sorte de grande-sœur qu’elle n’a pas eu. Quand j’ai entendu ça, j’ai pensé que ce qu’elle voulait dire, ce dont elle avait vraiment besoin, c’était d’un soutient. De quelqu’un pour l’épauler. Et de quelqu’un qu’elle aurait pu soutenir elle aussi en retour. J’ai imaginé à quoi elle ressemblait lorsqu’elle était enfant, et je lui ai imaginé cette grande-sœur ; je voyais la plus grande un peu fatiguée par les tracas de la vie et la plus jeune lui sourire, de ce sourire magique qui n’appartient qu’aux enfants. Tu imagines ça, Step ? Je l’ai rêvé plus d’une fois par rapport à nous deux, tu sais. Qu’on soit là l’un pour l’autre.
Le jour où je mourrai, j’espère qu’on se retrouvera enfin. Qu’on pourra vivre tout ce que l’on a pas eu l’occasion de vivre dans cette vie. Tu sais, je ne suis toujours pas décidée à vouloir un jour avoir des enfants. Je pense que Maman aurait dû réfléchir plus longtemps avant de croire qu’elle en voulait. Parce que si elle l’avait fait, tu serais peut-être en vie, vraiment là, avec moi… Maman n’a été prête à avoir des enfants que lorsqu’elle s’est mise en couple avec mon père. J’ai donc été une enfant désirée. Mais si je ne l’avais pas été, est-ce que moi aussi je n’aurais jamais vu la lumière du jour ? C’est pour ça que je n’arrête jamais de réfléchir à ce sujet, que je ne prends jamais à la légère la question d’avoir un enfant et de devenir parent.
Steph, si un jour j’ai des enfants, sois sûr que l’un d’eux portera ton prénom.