Menteuse professionnelle
Voilà ce que j’ai pensé rajouter sur mon CV lorsque j’ai ré-ouvert - après presque un an - la pochette contenant tous les documents concernant "le boulot" que j’ai en ma possession. Après réflexion, je me suis dis que ce serait mieux de rajouter aussi "manipulatrice sans scrupules" ainsi que "capable de faire des sourires mignons à volonté".
Visite chez les grands-parents. Mal à l’aise, coincée entre deux attitude opposées. D’un côté la part de moi qui est nostalgique de mon enfance innocence et qui voudrait croire que tout peut redevenir comme avant, que ces deux personnes ne sont pas à bannir totalement de ma vie et que je devrais leur laisser une chance de conserver une place dans mon cœur. Et de l’autre, la part de moi qui est glaciale, manipulatrice, hypocrite, qui ne songe qu’à tirer avantage de n’importe quelle situation et qui n’hésite pas à slalomer entre mensonge et vérité avec une agilité sidérante dans ce but, celui du profit. Résultat : j’ai eu une attitude à mi-chemin entre ces deux parts de moi et j’ai essayé de faire en sorte que cela ne se voit pas trop. Qu’on ne voit pas que je me perdais un peu malgré moi. C’est peut-être le rôle dont je suis le plus fière, lorsque j’arrive à le jouer à la perfection.
Bientôt le retour à la FAC ; je ne sais même pas quel est le jour exact de ma rentrée. De toute façon, la FAC ne m’intéresse plus tellement. Les cours m’insupportent toujours autant. Je ne supporte plus mon appartement, aussi. Je vais déménager. Enfin, je vais essayer. Difficile de se motiver quand on sait que ce n’est que pour quelques mois. Après ça, le grand départ. Et à moi les routes, les trains, l’avion - dont j’ai pourtant très peur -, l’auto-stop, les campings, les hôtels, les gîtes, les rencontres aléatoires, les églises abandonnées, les châteaux en ruines, les paysages à couper le souffle… et tout un tas de merveilles, tellement nombreuses que je doute d’arriver à toutes les voir en une seule vie. Mais j’aimerais essayer. C’est peut-être l’unique but qui me motive à l’heure actuelle. Celui de partir. Peut-être que c’est… me perdre physiquement parce que je suis perdue mentalement et émotionnellement ? Je préférerais que ce soit plutôt une renaissance, bien sûr. Me trouver plutôt que me perdre. Parfois il m’arrive de penser que même les chamans ne peuvent rien pour moi. Que même si je devenais chamane, je ne serais pas plus stable qu’avant. Et puis je me rappelle que "stable", ça ne veut pas dire grand-chose.
Mais si se perdre est aussi une voie, et que j’ai décidé de l’emprunter malgré tout, pourquoi je ne suis pas plus joyeuse, plus heureuse à cette idée ?