Pas de repos pour les monstres
Je sais que c’est la veille de Noel, que demain ce sera la fête, que logiquement on en profite pour laisser ses emmerdes de côté au moins pour un jour, mais moi j’ai pas la tête à ça...
Noel, ça change quoi, finalement ? On rajoute simplement de l’alcool à table, des décorations dans la maison. Je passe la soirée à regarder des films sur Noel au lieu de mes habituelles séries. Celui que je viens de voir m’a fait penser à quelque chose. Je me suis rappelée l’unique film que j’ai proposé à ma famille de voir avec moi, et combien j’ai trouvé ce moment pénible. Depuis, je n’en ai plus jamais proposé. C’est comme si de les regarder avec eux avait le pouvoir de gâcher complètement ce qui me fascine.
Non, il n’y a aucun repos pour moi, même si je suis en vacances, même si c’est Noel. Il me reste toujours un dossier à faire pour je ne sais quel demande administrative, je dois aussi penser à mon second semestre et à comment l’appréhender, j’aurais des heures imprévues à assurer en plus à mon job en janvier, je ne sais toujours pas avec qui ni de quelle manière passer le Nouvel An… Tout tourne trop vite, je n’ai pas le temps de suivre. Je me sens en permanence fatiguée ; j’aimerais être un ours et hiberner jusqu’en mars, minimum. Si je pouvais, je resterais en hibernation jusqu’à la fin du mois de mai. Plus de partiels, plus d’obligations liées à mon appart, plus de journées interminables à me demander pourquoi les heures sont si longues et ennuyeuses et pourquoi je suis en vie si ce n’est que dans le but de traîner ma carcasse d’un point A à un point B. Plus rien de tout ça, juste moi et mes affaires, sur le départ, prête à embrasser l’aventure. Prête à laisser enfin le destin m’emmener là où il le voudra.
Quand j’arrive à ne plus penser à ma famille, au fait que même à Noel nous sommes incapables de nous réunir et combien cela est triste, il suffit que celle des voisins débarque et que mes yeux tombent sur ce spectacle pour me rappeler le tout en un bloc compact qui vient me frapper le cœur. J’ai parfois l’impression qu’ils sont tous insensibles, que je ne suis pas entrain de penser comme il le faudrait, que je me torture avec ça pour rien… alors j’apprends à faire de même, jusqu’à finalement me juger comme une personne sans cœur et à me trouver encore plus vide que d’ordinaire. Pas de repos, même pour les monstres…