Portes ouvertes et portes fermées

Penser, ne pas penser...

Courir, plus vite, plus loin. S’arrêter. Et repartir. C’est ce que j’aurais dû faire. J’aurais dû sortir de chez moi, aujourd’hui. J’aurais dû… essayer d’arrêter le flux de pensées qui s’infiltrent dans ma tête sans ma permission. Ses lèvres, ses yeux, et puis sa voix hésitante… stop ! Ne pense pas à ça. Ne pense pas. C’est ce qu’il y a de mieux à faire. Une simple inconnue croisée dans une foule, en pleine fête, et ça y est, je me fais des films. Je ne vais pas bien, là. On avait dit, plus de films idiots ! La voix de ma conscience qui m’engueule. Encore une fois.
Je commence à comprendre les gens qui développent des tics, des manies, des habitudes stupides comme une passion pour les mots croisés ou les casse-tête. Moi, je cours. Mais quand je ne cours pas… je tente d’autres moyens pour me distraire et là, tout y passe. Des origamis en passant par la couture, la cuisine, le chant ou encore le mah-jong… j’essaye de faire quelque chose qui puisse effacer ma réflexion. J’essaye de ne plus penser, de n’avoir comme pensées que ce qui est basique, vital. Mange, dors, bois, cours. Comme un animal. J’envie mon chat.
Une liste. C’est ça, ma dernière trouvaille pour faire passer le temps et ne plus penser. Faire une liste. Liste de ce que je veux apprendre à cuisiner comme plats. Liste de personnes à qui je ne parle plus. Liste de mes tâches administratives à faire dans le mois. Liste de ce que je devrais préparer si je décidais de partir en voyage en Espagne dans deux jours. Faire des listes. Réduire tout ce que je peux à de simples listes. La meilleure des listes que j’ai à faire, c’est celle de ce que devrais emmener avec moi comme affaires si je devais quitter mon appartement, là dans la minute qui vient, et ce sans avoir la plus petite idée de l’endroit où j’irais.
Pourquoi le silence ne satisfait personne ? Je veux dire, si je m’en allait sans laisser aucune explication, tout le monde en chercherait une. Il n’y aurait pas une personne qui n’en chercherait pas. Même les gens que je ne connais pas, s’ils entendaient parler de mon départ, émettraient une hypothèse quelconque, voire un jugement. Est-ce si difficile de faire confiance, de laisser les personnes évoluer, de leur laisser la liberté de faire leurs choix sans forcément en parler, de les comprendre lorsqu’elles se taisent parce qu’elles ne peuvent pas expliquer ce qu’elles ressentent autrement que par le silence ? Je conçois que ce n’est pas très simple, d’accepter le silence. Mais difficile au point que personne n’arrive à le faire, ça par contre, je ne le comprends pas. J’ai connu des gens qui, j’en suis sûre, en auraient été capable si une personne de leur entourage en avait eu besoin. Et moi-même, je… je sens que, malgré ce que j’ai vécu, j’en suis capable. Ou peut-être est-ce à cause de ce que j’ai vécu que j’en suis capable ? Peut-être. Et pourtant, il ne m’en a pas fallut beaucoup pour arriver à faire ça. Alors, je continue de me poser la question : pourquoi le silence ne satisfait personne ?