"Tu nous écriras, hein ?" (comment dire... non)
Non. Non, je ne vous écrirai pas. Pourquoi je le ferai ? Pour rendre votre vie aussi compliquée et torturée que la mienne ? Pour que vous soyez rassurez - alors que ce ne seront que de nouveaux mensonges que j’aurai inventé - et que votre conscience soit tranquille en lisant des mots comme "je vais bien" ? J’en ai assez de rassurer la conscience de mes proches. Non, quand je partirai, je ne vous écrirai pas. Ni à toi maman, ni à toi petit frère, ni à W, ni à Mev, ni à D, ni à Mi, ni à qui que ce soit. J’ai toujours gardé mes secrets pour moi alors ce ne sera pas si différent. La seule différence, c’est que vous aurez la certitude que je ne vous dis pas tout, cette fois-ci, vous saurez que je conserve le silence sur certains sujets et vous commencerez peut-être même à vous dire qu’avant, lorsque je parlais de tout - soi-disant -, je mentais. Tant de choses vont être bouleversées par mon départ. J’ai hâte, j’ai même envie d’avancer la date, de partir maintenant. De ne plus me poser de questions sur mes trous de mémoires, sur mon passé, sur mon avenir, sur mes problèmes et leur absence de solution… juste de tout lâcher, de tout laisser, de m’en débarrasser.
Partir dès maintenant, c’est si tentant ! Au diable les études, au diable la bourse, fini les questions auxquelles je dois répondre en mentant, terminé les faux-semblants ! Mais bon, je sais déjà que je vais laisser un sacré bordel derrière moi, alors je ne tiens pas vraiment à en rajouter ; laisser des dettes à cause des études et de la bourse, ce serait salaud au vu de la situation financière de ma famille. Je dois me forcer à tenir bon jusqu’au mois de mai, et après ça, plus de partiels et plus d’obligations, juste moi et la route qui s’élance devant moi et sur laquelle je veux courir.
Cette nuit, j’ai continué mes recherches… je ne voulais pas mais je n’ai pas pu faire autrement ; je n’avais rien d’autre pour m’occuper puisque j’étais incapable de m’endormir. Que des choses floues, des théories qui se contredisent les unes les autres, des scientifiques et des psy qui se battent pour savoir si les faux-souvenirs existent ou pas… et du coup, moi, je n’ai toujours aucune certitude. Putain de monde, sérieux… ne jamais savoir à qui ou à quoi se fier, c’est juste horrible.