Jouer avec le danger
Des idées me traversent l’esprit, des idées comme celle de me trouver des médocs pour dormir et puis d’en abuser. Me mettre en danger me paraît banal, ces temps-ci. Marcher un peu trop près de la route, questionner W à propos de ses médocs et essayer de la convaincre de m’en filer, chercher des gens qui pourraient me procurer de l’herbe, trop boire pendant les soirées, insulter des gars et manquer de me faire tabasser, m’installer sur des rebords de fenêtres trop étroit où un seul mauvais mouvement pourrait me faire basculer et chuter de plusieurs étages… une autre de ces listes sans fin qui m’effraient tant. J’en viens presque à souhaiter de me retrouver dans un lit d’hôpital, plongée dans le coma ou quelque chose dans ce genre. Ce serait presque un soulagement de perdre, je sais pas moi, quatre mois de ma vie en étant inconsciente de ce qui se passe… je pense que ça me ferait un bien fou si, à mon réveil, je me rendais compte de tout ce qui a pu changer en quatre mois d’absence. Parce que pour l’instant je suis persuadée que rien ne changerait vraiment, pendant quatre mois ; tout est si lent, si prévisible, si fatiguant. Pourquoi je ne peux pas me contenter de cet ennui constant que beaucoup de gens aiment appeler "paix", "calme", "plénitude" et dans lequel ils arrivent à s’épanouir, contrairement à moi ? Suis-je trop brisée pour avoir la force d’accepter une telle vie ?