Portes ouvertes et portes fermées

Vivre et être heureux

J’ai toujours eu envie d’appliquer ces principes, d’en faire quelque chose qui me porterait à travers les difficultés. En fait, je voulais faire comme tout le monde. Je voulais trouver à quoi me raccrocher. Parce que je suis incapable de me suffire à moi-même. Une fois, dans un bar, une personne m’a dit que cela ne sert à rien de chercher à vivre avec quelqu’un si on ne sait pas vivre tout seul d’abord. La fameuse sagesse des gens de la nuit. Entre moments de folie et paroles incompréhensibles, il y a toujours une petite bride de quelque chose qui peut servir, dans les conversations qu’on a lorsqu’on est bourré, vers une ou deux heures du matin.
Seulement, il y a un problème. Je ne peux pas faire comme tout le monde. Je ne peux pas vivre et être heureuse. Il semblerait que je sois devenue un petit peu trop détachée, un petit peu trop loin, juste un peu, juste assez pour ne pas pouvoir me raccorder au reste du monde. Un électron libre qui aurait normalement dû garder sa place ou ne la quitter que pour en trouver une nouvelle dans un autre groupe d’électrons ; je trouve ça presque drôle de me comparer à un électron, moi qui ait toujours détesté les cours de physique-chimie.
Encore une question angoissante : si personne ne me voit descendre aux enfers et chuter chaque jour un peu plus bas, qui donc me verra si je réussis à remonter la pente ? Je sais, je devrais me moquer de ce que pensent les autres, je devrais me concentrer et me dire que je dois le faire pour moi, au moins. Mais je ne suis pas sûre de le mériter. C’est à croire qu’on ne m’a jamais appris à me faire confiance à moi-même, qu’au contraire, on a fait que me rendre de plus en plus douteuse et méfiante. Et puis, la vision qu’on a de soi-même ne suffit pas ; il faut aussi être vu par un point de vue extérieur. "L’enfer, c’est les autres ", ouais ben justement, c’est ce qu’il y a de plus horrible de se rendre compte que ce dont on a parfois besoin est également ce qui peut nous causer le plus de souffrance.
Vivre pour qui, pour quoi ? Et être heureux, à quoi ça sert si on est tout seul, puisque le bonheur n’est réel que s’il est partagé ?