Âme d'orage
Vent et pluie. Colère du ciel nocturne. Un temps étrange. Mon temps. Celui du combat, des questions, des contraires, des contrastes, des oxymores. J’ai envie de rire. De hurler et de rire, bras tendus vers le ciel. "L’obscure clarté de mon être flotte entre l’air et l’eau / Qui dansent autour de moi leurs invisibles mouvements / Perdues parmi la pluie, mes larmes, mes mots, / Dansent, dansent avec eux, et partent lentement." Je murmure ces phrases, les répètes encore et encore ; je trouve qu’elles sont belles. Un peu de beauté lancée là, comme jetée à personne puisqu’il n’y a personne qui m’entend.
Avant que l’orage n’arrive, je lisais. Je lis beaucoup. Trop, diraient certains. Il m’est arrivé de passer tout un week-end à lire et à préférer lire plutôt que parler. Découvrir l’univers des livres et les personnages qui y vivent plutôt que rencontrer les vraies personnes. Mais je m’égare là… je ne voulais pas commencer à définir mon rapport à la lecture. Qui est d’ailleurs bien trop complexe à définir. Un livre de milles pages n’y suffirait pas.
Je lisais, donc. Dans ma tête. Puis, j’ai été prise de l’envie de lire à haute voix. A peine avais-je commencé que je me suis arrêtée brusquement. Pourquoi ? Parce que quelque chose n’allait pas. J’ai d’abord songé que je ne supportais pas le fait que mes voisins puissent m’entendre, vu que nos fenêtres respectives étaient ouvertes. Mais ce n’était pas cela, le problème. Ma voix, peut-être ? Non plus. J’adore m’écouter monologuer et partager mes pensées à haute voix avec mon chat pour seul interlocuteur. Alors quoi ? Le problème était que ma lecture n’avait aucun objectif. Lire dans ma tête, c’est lire pour moi, m’imprégner de ce que je lis, du texte, du choix des mots, de l’histoire qu’ils racontent, de leur magie. Lire à haute voix, c’est partager cette magie. Pourquoi lire à voix haute quand on est seule à écouter ? Cela n’a aucun sens.
Un jour, je lirai pour quelqu’un.