Attente interminable
Est-ce normal que je me sente comme une genre de loque humaine ? Peut-être que oui, puisque j’ai vraiment l’impression d’en être devenue une, ces derniers temps. Entre un sommeil lourd et sans rêve, des repas assez copieux pour que je ne ressente quasiment jamais la faim, et de longues heures de disponibles sans que je n’ai à faire quoi que ce soit de productif, je ne pense pas pouvoir me définir autrement que comme une larve. Je n’ai même pas le courage de reprendre mes séances de course, d’étirements, de séries de pompes explosives, d’entraînement au combat… je me sens si inutile. Et ça me dérange. Mais je ne fais rien pour changer ça. Je ne fais qu’attendre. Que les jours se succèdent, que les heures d’ennui se terminent, que l’été arrive enfin, que mes cours à la FAC soient loin derrière moi, et que je puisse m’en aller. C’est tout ce que je souhaite, c’est tout ce que je veux. La seule pensée qui fait battre mon cœur. L’attente est si longue… interminable, même. Je sais bien qu’il me faut certains objets, une sorte d’ébauche de plan - bien que j’ai déjà décidé que je ne me casserai pas la tête à tout imaginer et à tout prévoir -, un minimum afin de pouvoir survivre ; je sais parfaitement que j’ai besoin de temps pour préparer tout cela et que ces jours d’attente vont justement me servir à m’organiser. Sauf que j’ai bien trop de temps, et si peu à préparer…
Cela m’écœure de vivre comme je le fais, en ce moment. D’avoir tout ce temps et de ne pas savoir quoi en faire. Une vie, à mes yeux, c’est lorsque chaque instant a sa place et son rôle. Le temps d’activité où l’on doit se bouger pour assurer sa survie et celle des autres, et le temps libre où on peut se détendre et accorder à son corps et à son esprit le repos nécessaire afin de pouvoir ensuite reprendre les tâches habituelles. Il ne devrait pas y avoir de temps mort. Ce temps perdu qu’on regarde défiler n’est que le reflet d’une demi-vie, de celle qu’on a quand on est capable de faire des choses mais que d’autres les font pour vous. Je ne veux plus de ça. C’est une des principales raisons qui me poussent à vouloir prendre le large.