"Au-dessous du volcan, je l'entends, je l'entends, j'entends battre son cœur !"
Et la musique et ses paroles troubles demeurent mes seules compagnes…
La nuit dernière, j’ai rêvé, je ne me souviens plus de ce rêve, je ne sais qu’une chose, c’est que j’y parlais uniquement en anglais. La première fois que je fais un rêve dans une autre langue que ma langue natale. Peut-être un signe que j’arriverai finalement à maîtriser correctement cette langue, un jour.
Une sorte de routine semble s’installer. Quelque chose comme un changement de lieu de vie tous les trois ou quatre jours environ ; je pars en famille, reviens à ma coloc, puis reviens chez ma mère etc… Je ne me sens à ma place à aucun de ces deux endroits. J’aimerais pouvoir m’endormir normalement le soir, pouvoir m’endormir en écoutant l’absence de bruit autres que les battements de mon propre cœur. Je dors toujours aussi mal. Je ne sors pas assez la journée, je sors trop la nuit. Rien n’occupe l’énergie qui bouillonne en moi, je n’ai pas d’épreuve ; personne ne parvient à trouver le courage de m’en donner une. Je me dévouerais volontiers à une personne, si seulement il en existait une qui désirait mon aide ou même simplement ma compagnie. Mais il n’y a rien. Lorsqu’il me semble entendre un cœur battre, ce n’est pas le mien, c’est celui de quelqu’un qui n’existe pas.
On m’a appelée "jeune homme", ce weekend. C’est la première fois qu’on me confond avec l’autre sexe. Quelque part, je m’en sens fière. Et en même temps je ne peux m’empêcher de me rappeler que c’est un signe supplémentaire de mon ambiguïté, de cet entre-deux qui ne veut jamais pencher plus d’un côté que de l’autre, de ce qui fait de moi quelqu’un - quelque chose ? - d’inclassable. Un monstre. Et le pire, c’est que je me sais incapable de remédier à cela. Même si je changeais mon corps, que je tentais de tromper mon propre esprit, il resterait toujours cette part de moi qui est inaccessible et qui ne se plierait à aucun compromis. C’est à la fois rassurant de se dire que quoi qu’il puisse m’arriver, les autres - tout comme moi - ne pourront pas atteindre cette part secrète de moi-même, et perturbant de songer qu’il existe en moi quelque chose qui me restera à jamais totalement étranger.
Les cœurs des monstres battent-ils tels des tambours, eux aussi ?