Before I left #2
Aujourd’hui, j’ai trouvé le sac à dos idéal. Une fois rentrée, je l’ai posé dans un coin de ma chambre et je ne l’ai plus touché. On dirait une espèce de relique sacrée ; j’arrive même pas à regarder ce sac sans sourire et rire de moi en me disant une fois de plus que je suis probablement dingue. Dingue de faire tout ça, de partir comme ça. Dingue à force d’espérer, et puis dingue à force de désespérer, et maintenant dingue à force de ne plus avoir en moi ni véritable espoir ni véritable désespoir qui aurait pu me donner une raison de ne pas partir.
Bientôt le départ, donc. La seule personne à qui je l’ai annoncé, c’est W, ce midi, comme ça, d’un coup, d’un ton neutre que j’ai eu du mal à reconnaître comme étant mien. Elle l’a prit assez bien. Enfin, disons que c’est la seule personne dont je savais parfaitement que la réaction n’allait pas être de péter les plombs et de me crier dessus, c’est certainement pour cette raison qu’elle est la seule à être au courant. Et elle est aussi l’une des rares personnes dont je vais conserver le numéro de portable. C’est un autre de mes préparatifs de voyage que j’ai à faire : changer de numéro, et de téléphone aussi par la même occasion.
Le sac à dos me hante. Je ne pense pas pouvoir dormir cette nuit. Je vais plutôt passer la nuit à faire la liste de ce qui me manque, à imaginer comment disposer le tout, à scruter les moindres recoins de ce sac si précieux, et à m’imaginer faire la route avec ce machin sur le dos qui deviendrait certainement mon meilleur ami s’il était doté de la parole.