Some flashback of the night
Des verres, l’un d’eux est d’un rouge un peu orangé ; j’aime bien sa couleur, je l’observe dans la lumière des projecteurs. Un type me dit que j’ai l’air "pensive". Je bois mon verre. Le suivant est totalement orange. Mes yeux se lèvent et ne quittent plus les deux femmes qui se déhanchent sur le bar, juste devant moi. Sourire jusqu’aux oreilles. Envie de danser. Envie de les imiter, d’être admirée, d’être pendant quelques instants le centre d’attention. C’est si futile, murmure mon cerveau embrumé. Encore un soir où je ne devrais pas être dehors. Un de ces soirs où le démon sort de sa cage. Je ne comprends rien et je m’en fous ; ce soir, je suis un roi et cette débauche qui m’entoure est mon royaume. Tous ces visages, ces corps qui dansent me donnent le tournis. Il y en a trop. Alors pourquoi j’ai cette impression étrange, comme s’il n’y avait personne ? La faute aux verres que je bois, sans doute. Tant de gens différents, tant de conversations vides, tant de jalousie, de désir, de colère, de déni, de plaisir, de souffrance, de bruit, de silence, de complications, de mensonges, de secrets. Ma tête va exploser. Mon cœur n’est déjà plus là. J’ai envie de balancer mon verre sur le mur d’en face. Je le fais. On me regarde. On me regarde toujours. Que voient-ils ? Peut-être rien. Pas de questions, plus de questions ; le démon ne s’en pose aucune. Une main saisie, une porte fermée, trois personnes enivrées de chaleur et d’alcool, une baise sans lendemain. On ne s’en souviendra pas, murmure le cerveau. Bien sûr que si, murmure le cœur. Tiens, il est revenu celui-là… mais qu’est-ce qu’il fout là ? C’est pas le moment, sérieux. Non ce n’est pas le moment de penser à ce qui vient de se passer, à ce que je viens de faire. Ni maintenant ni jamais. Un autre verre. Une autre danse. Une heure s’écoule, et puis une deuxième. La nuit est si longue. Mais elle ne le sera jamais assez.