Portes ouvertes et portes fermées

Croire en moi

Ce que je pensais, ce que je tenais pour une absolue certitude, s’est finalement effondré. Pourquoi ? Juste une petite minute de prise de conscience et me voilà transformée.
Sauvage et solitaire. Quand je voyais ces côtés-là ressortir chez moi, je voulais les étouffer. Je me disais que ce n’était pas une bonne chose, que c’était ma façon de réagir face à l’influence et à la pression du monde. Et surtout, je me disais que ce n’était pas une réaction adéquate. Je m’en voulais de réagir ainsi. On nous le dit partout : "Ce n’est pas bien de se renfermer sur soi. Il faut être sociable, parler aux autres. Partout, on prône l’idée de faire bonne figure, de s’ouvrir aux autres parce qu’ils vont nous aider, qu’ils seront là pour nous. Vraiment ? Je ne suis pas naïve à ce point. Du moins, je ne le suis plus. Des gens qui aident, bien sûr qu’il y en a. Mais des gens qui détruisent, il y en a tout autant. D’où ma question : pourquoi cherche-t-on à culpabiliser ceux qui se sentent mal ? Quand j’étais en dépression au collège, personne ne m’a aidé. Et quand j’ai réussi à en sortir, le message était clair : "pfff… tu vois, tu n’avais pas besoin d’aide. Donc ça ne devait pas être si horrible que ça. Si ça se trouve, c’était peut-être même juste un mensonge parce tu voulais attirer l’attention sur toi..." Alors, si j’étais mal, c’était de ma faute ? Piètre message, hein. Destructeur, même. Heureusement que je ne me suis pas laissée détruire.
Sauvage et solitaire. Ce n’est pas une mauvaise défense de ma part face à la pression insupportable du monde. Je suis sauvage et solitaire depuis toujours. C’est simplement que je ne voulais pas l’admettre. Le monde, ce monde, mon monde, m’a dissimulé cela et m’a fait croire que c’était de la faiblesse, que j’étais faible. Mais hier, j’ai entrevu une autre manière de voir les choses. Si je suis sauvage et solitaire, c’est parce que je brille trop fort. Pour mon malheur et mon bonheur, je vis trop intensément. C’est une explication intéressante, hein. Et je préfère amplement celle-ci plutôt que la vision de moi comme une petite chose recroquevillée qui craint le monde. Non, je ne crains plus le monde. Je veux croire en moi. Et en mon monde.