Dernière descente aux enfers
La dernière parce que de celle-ci, j’ignore quand j’en reviendrai. Si je reviens un jour. C’est un peu comme mon voyage ; je ne sais pas quand je partirai ni quand je reviendrai. C’est l’inconnu, ce que je refuse de prévoir, le mystère dans lequel je fonce sans préparation.
Je réfléchis souvent à ma fameuse lettre, celle que je laisserai en guise d’explication à ma famille. Sans cesse, je la rectifie. Parfois, j’écris des pages et des pages, parfois je la raccourcis tellement qu’à la fin je finis par me dire que ce serait mieux de ne rien écrire du tout. On verra bien ce que j’écrirai lorsqu’il sera temps de choisir entre laisser un mot ou ne laisser aucune piste. Mais je commence à pencher pour la solution de ne rien écrire. La colère m’y pousse, l’amertume aussi. Colère et amertume : à quel point mes "proches" sont-ils stupides et égoïstes pour ne pas remarquer mes mensonges et mes fuites ? Voilà le genre de questions qui me vient en tête, en ce moment. Voilà ce qui me fait "descendre aux enfers" sans un regard en arrière. Qui me retiendra ? Qui me ramènera ? Qui me pleurera ? Ceux qui voudraient me retenir sont seulement ceux qui auraient mauvaise conscience ; heureusement, il n’y en a pas. Ceux qui me ramèneraient seraient certainement ceux qui tiendraient le plus à moi ; mais là encore, il n’y a personne dans cette catégorie. Et ceux qui me pleureront sont justement ceux que je laisse et à qui j’en veux le plus. Ils ne feront que pleurer et dire que je les blesse, que je suis une mauvaise personne qui les abandonne. Ils ne feront rien. Alors qu’ils pourraient faire tant de choses…