Portes ouvertes et portes fermées

Happy birthday...

On a fait la fête. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression de me sentir bien, heureuse. La faute à l’alcool, sans doute. "On a réussi à rentrer en un seul morceau, c’est plutôt cool, non ? - Ouais. Mais tu sais, Rey, j’aurais préféré qu’on ne rentre pas chez nous. Qu’on passe la nuit chez quelqu’un. - Qu’on passe la nuit chez une nana, tu veux dire ? C’est vrai que comme ça, notre anniversaire aurait eu plus de gueule. Mais on a pas tout ce qu’on veut, dans la vie..." Et ouais, on a pas tout ce qu’on veut. Ça me tue de l’admettre mais… j’ai vraiment pas passé un anniversaire sympa. C’était bâclé, c’était brouillon, c’était fade, et surtout, c’était décevant. En fait, ça ressemblait à toutes ces fois où mon père m’a promis qu’il serait toujours là pour moi alors qu’il a lâché prise à la moindre difficulté. La difficulté ? Ma perte de repères. Et il n’était pas là pour me dire que le choix m’appartenait, que je pouvais aller là où je voulais, qu’il me suffisait d’avoir confiance en moi. Alors j’ai erré. Longtemps. Je crois même que j’erre encore.

J’ai cette chanson dans la tête, "A horse with no name". Mais putain, qu’est-ce que j’ai encore fait ? J’ai passé le temps à dire des conneries, à mentir, à me dire que ça ira mieux demain, à imaginer de belles choses, à me maudire, à souffrir, et à croire en n’importe quoi. Maintenant, je me dis que le jour où tout ira mieux, c’est quand je partirai. Quand je ne réfléchirai plus. Que je me laisserai aller, que je choisirai ma destination à pile ou face. Que je m’abandonnerai.

Je n’aime pas les anniversaires. Quand c’est celui de quelqu’un d’autre, je ne sais jamais s’il vaut mieux que je ramène un cadeau ou pas et ça m’agace. Et puis, quel cadeau choisir lorsqu’on ne sait pas ce qu’aime la personne en question, lorsqu’on ne connaît pas vraiment cette personne mais qu’on ne peut tout simplement pas le lui dire ? Et je n’aime pas mon anniversaire non plus. Je pense d’ailleurs que l’an prochain, je ne le fêterai pas. J’en ai assez de toujours vivre la même chose, la même déception.

On était pourtant bien, tous les deux, D et moi. On dansait, on riait. Il était bourré, moi un peu moins. Je suis revenue à pied chez moi, j’ai marché pendant trente bonnes minutes, je n’ai ressenti aucune fatigue. Et je me disais que la prochaine fois que je verrai D, ce serait aussi comme ça. Que ce serait un mélange entre l’amusement et l’abattement. Il sait faire la fête. Il voudrait que je m’amuse autant que lui. C’est impossible. Je ne sais pas comment le lui dire. Je pense que je ne sais plus parler aux gens. Je ne sais plus m’exprimer. Je sais juste écrire.