Portes ouvertes et portes fermées

"Hey stoopid !"

"Hey, hey, hey,
Hey stoopid !
What you trying to do ?
Hey, hey, hey,
Hey stoopid !
They win, you loose !"

Je suis fichue, je suis un monstre. W semble croire encore en moi… je me demande encore pourquoi elle tient à me voir, à m’appeler, à revenir ici pour me parler en face à face, à prendre de mes nouvelles et à me dire ce qu’elle devient, elle… Tout cela est inutile. Elle est comme tant d’autres ; elle ne peut rien pour moi. C’est simple, en fait. Les gens comme elle pensent qu’ils peuvent sauver, qu’ils ont suffisamment de forces pour cela. Et un jour, ils réalisent que c’est faux, qu’ils ne peuvent rien faire. W le sait sans doute déjà ; elle fait juste semblant avec moi pour essayer de me maintenir hors du gouffre. Mais je veux y sauter, moi, dans ce gouffre, je veux y plonger, voir ce qu’il y a derrière ce trou sombre et béant qui accueille les personnes comme moi, les monstres, les damnés, les maudits, les vivants qui pensent comme des morts.

Quand je regarde ma chambre, j’éclate de rire. Souvent traîne une bouteille d’un alcool quelconque sur mon bureau, dans le coin gauche. Des livres, toujours des livres, une petite pile que je change selon mes envies du moment, mes satanés amis les bouquins qui accompagnent une bonne partie de mes nuits sans sommeil. L’autre partie est dédiée aux jeux vidéos, à ma vieille DS et à mon ordinateur. Parfois, j’écris. C’est la raison de ce bloc-note sur la droite de mon bureau. La table de chevet a une place particulière dans mon cœur ; c’est là que je pose mon brûleur d’encens, quelques pierres et coquillages, parfois un dessin. Comme si le fait que ce soit l’une des premières choses que je vois à mon réveil - quand je réussis à m’endormir, bien sûr - pouvait effacer la souillure de mon être. Mais putain, rien ne peut me sauver ! Là, je suis entrain d’écrire et de déverser ma haine contre le monde et contre moi-même une fois de plus - une fois de trop ? - et je bois et fume, tantôt l’un, tantôt l’autre ; je m’égare et trouve plaisant de m’égarer. Merde, il est minuit et je ne dors pas… je me retiens de sortir, de faire à nouveau n’importe quoi, de laisser le démon en moi semer la discorde autour de lui. Il serait si facile de marcher jusqu’à mon bar favori, de boire un verre, de chercher du regard une personne réussissant à capter mon attention, de parler en sachant pertinemment où les mots vont me mener, de danser en laissant mes mains parcourir les corps… mais non, je ne sors pas. Je me punis. De quoi ? Je l’ignore.

Je fais quoi ici, je sers à quoi, bon sang ? Si je ne sers qu’à remplir ma petite vie minable dont personne ne se soucie, alors je ne sers à rien. Si je n’ai aucune valeur, ni aux yeux de mes proches, ni à mes propres yeux, alors je suis telle une feuille d’arbre ballottée par les vents. Que je vive ou que je meurs, cela n’a pas d’importance. C’est sans doute pour cela qu’aucun des risques que je prends ne me semble être réellement un risque. Je suis stupide. Je sais. Et je m’en fous.