Portes ouvertes et portes fermées

Instant cuisine

Je suis crevée là. Je viens de passer environ deux heures aux fourneaux. Tout ça pour un truc qu’on mangera en quelques repas. Tout va si vite. Tout part si vite. La nourriture, l’espoir, la déprime, les gens, l’énergie, la fatigue… tout cela part, revient, repart, et ainsi de suite ; un cercle sans fin.
Je me demande souvent pourquoi j’ai des idées comme celle-ci, des envies de cuisiner, de faire brûler de l’encens dans toute la baraque. Des envies de faire quelque chose qui ne sera pas uniquement pour moi. Je me demande à quoi ça sert vu que personne ne s’en rend compte. Oh, bien sûr, j’ai droit au fameux "merci" et aux compliments mais ensuite, plus personne ne s’en souvient et l’instant est passé. Et je recommence. Je cuisine, on me dit que c’est bon, on mange, puis chacun repart faire sa vie dans son coin. J’attends quoi, au juste ? Que les gens me trouvent indispensable ? Qu’ils me remarquent, qu’ils m’apprécient ? C’est minable, hein, d’être comme ça. D’attendre la reconnaissance des autres comme un petit chien qui quémande des caresses. Je ne me pensais pas comme ça. Mais au fond, je suis un peu quelqu’un qui joue au petit chien, quelqu’un qui a envie d’être apprécié et qui ne sait pas trop comment faire pour y arriver. Je n’arrête pas de cacher cette facette-là de moi, de faire comme si ça m’était égal. D’agir comme si tout m’était égal. Toujours le même mot d’ordre : Fais croire que tout roule, que tout est très bien comme ça, tais-toi et joue le jeu.