Pensées troubles du soir
Et si c’était vrai ? Et si j’avais réellement des ennuis du passé à résoudre, des gens à pardonner afin de ne plus souffrir à cause d’eux ? Je songe surtout à mon père quand j’écris ça. Je pense que c’est le seul à qui je n’ai toujours pas réussi à accorder mon pardon. Pourtant, cela paraît si facile ! Après tout, j’ai bien réussi à pardonner à mes grands-parents de m’avoir manipulée et d’avoir profiter du fait que je n’étais qu’une gamine pour me mentir. J’ai pardonné à ma mère ses erreurs, en particuliers ses moments de colère ou de panique qui ne m’étaient pas destinés mais que j’ai dû subir. Et puis, ma mère a changé, elle a évolué, elle s’est amélioré. Mes grands-parents ne changeront pas, dommage ; je me dis que tant pis, ce n’est pas tellement important puisque je ne les vois pas trop souvent. J’arrive à ne pas me sentir mal avec ces personnes, j’ai réellement réussi à les pardonner. Alors pourquoi avec mon paternel, c’est si compliqué de faire pareil ?
L’autre jour, j’ai songé à aller sur Google map dans le but de revoir sa maison. Revoir cet endroit où habite désormais mon père, ma belle-mère, et ma demi-soeur que je n’ai jamais connue, même si c’est juste une vue virtuelle, une simple photo prise il y a des années d’une rue vide avec des maisons collées les unes aux autres.
Quand la nuit tombe, mes pensées sont en bordel et je le sais. Mais même avant ça, en fin d’après-midi, j’ai déjà des pensées perturbées. La preuve… sérieusement quelle idée de vouloir pardonner à mon père ! Et puis d’abord, si je voulais vraiment le faire, comment est-ce que je m’y prendrais ? Je débarquerais là-bas en mode visite surprise et je lâcherais un "salut papa" comme s’il ne s’était rien passé ? Et si la petite L demande qui je suis avant même que j’ouvre la bouche, qu’est-ce que je pourrais bien lui répondre à cette fillette qui ne doit pas avoir plus de trois ans ? "Coucou toi, je suis ta grande demi-soeur en vadrouille !" Magnifique réponse… Non mais je ne sais pas ce qui me prends d’imaginer tout cela.
Le plus étrange, c’est que je n’ai pas envie d’en parler. Je refuse de me confier à qui que ce soit au sujet de mon père, voilà pourquoi je l’écris ici, dans cet exutoire propice à mes défoulements les plus inattendus.
Peut-être bien qu’un de ces jours, je pardonnerais à mon père. Je ne sais pas, je ne connais pas l’avenir. Parfois, j’aimerais aussi ne pas connaître le passé.