Le départ est proche
Bientôt, bientôt ce sera le départ. Pour de vrai. J’ai presque du mal à y croire. Je veux dire, ça me paraît si soudain, si étrange, que pour le coup on dirait vraiment une fuite. Comme si j’étais une criminelle et que je devais fuir au plus vite, fuir sans me retourner, toujours fuir plus loin et en craignant tous les jours que le passé me rattrape.
Est-ce bien moi ? Est-ce que c’est bien moi, la fille qui a étendu le linge ce matin tout en bavardant avec mon frère à propos d’une série dont je ne me rappelle même plus le nom ? La jeune étudiante qui va tout plaquer, qui va lâcher son appart, et ce sans savoir ce qui va se passer après, sans avoir de certitudes ? Celle qui va partir comme une voleuse - ce que je suis finalement, puisque je vais embarquer quelques objets qui ne m’appartiennent pas - dans seulement quatre ou cinq jours ? Cela me semble si difficile à croire… c’est si difficile là, maintenant, de croire que la personne tranquillement assise devant son ordinateur est la même que celle qui va parcourir le monde, un sac sur les épaules et pour unique alliée une suite d’idées complètement folles...
Mais j’ai… besoin de faire ça. Je me suis rappelée quelque chose, aujourd’hui. J’ai toujours eu des migraines, affreuses et régulières, j’en avais minimum deux par mois et elles duraient en général une journée ou deux. Souvent, je me demandais à quoi elles étaient dues. Elles ont cessé à peu près au moment où j’ai réduit le temps passé en compagnie de ma famille à seulement quelques visites espacées et de courte durée. J’ai éliminé toutes les autres causes possibles ; donc je me dis que le problème était bien là. Il y a des personnes qui peuvent être toxiques et elles peuvent être même dans sa propre famille. Alors j’ai tendance à me dire que si je pars, si je coupe les ponts pendant un long moment avec eux, ça me procurera un soulagement encore plus grand.
Plus que quelques jours et après ça, je n’aurai plus que moi et la petite voix dans ma tête pour seule compagnie, hein ? Bon programme, je trouve.