Silence
Plus de bruit, plus de mots. Dehors, il fait sombre et j’ai eu froid lorsque je suis rentrée, tout à l’heure. Rentrée chez moi… non, pas chez moi. Plutôt à mon nouveau lieu de vie provisoire, mon camp de base numéro 2. Le numéro 1, c’est chez ma mère qui réside maintenant dans un village entre des montagnes recouvertes de verdure. Je n’ai rien dit. Je n’ai rien exprimé de la perte de repères qui est la mienne. Je fais silence. J’écris parfois, mais cela reste… flou, des émotions jetées en pâture à qui voudra les lire.
Le silence, l’absence de paroles, c’est assez confortable. Cela m’évite des situations embarrassantes et en même temps, cela m’évite de me poser encore plus de questions existentielles.
J’ai acheté du muscat. J’aime pas le muscat. Pourquoi j’en ai acheté alors ? Il me fallait quelque chose qui sorte de l’ordinaire, quelque chose que je n’ai pas l’habitude de boire. Je suis vite fatiguée et lassée des choses. Des gens aussi, d’ailleurs.
Je comble le silence par de la musique. En fait, le silence que j’aime est celui où les conversations n’existent pas. Le reste des sons me plaît ; chaque son est comme une musique pour moi, ce sont des distractions. Le moteur du bus qui roule. Le vent qui souffle dans les arbres. Les doigts tapant sur les claviers des ordinateurs dans les amphithéâtres de la FAC. Le bol qui s’entrechoque accidentellement avec un autre lorsqu’on fait la vaisselle.
Le silence est un vieil ami à moi. Le plus vieux et l’un des plus loyaux. Mais ma meilleure amie reste la solitude.