Still alive
Réveillée vers 3 heures du mat. Plus de mal de tête, plus de nausées, plus rien. Sensation de revivre, d’avoir imaginé la soirée, que ce n’était qu’un mauvais rêve, que tout a été effacé. Voir le soleil se lever et prendre conscience du silence qui m’entoure. Et puis peu à peu, des bruits, un de mes colocataires qui se lève, la faim qui vient faire gronder mon ventre, la pensée stressante qu’il faudrait que j’aille en cours, aussitôt suivie de celle que si je n’y vais pas ça fera toute une semaine sans cours à nouveau.
"Still alive, W." - "Still alive too..." On le regrette autant l’une que l’autre, en ce moment. On s’écrit ce genre de message souvent ; j’en viendrais presque à croire qu’elle est autant perdue que moi. Mais ce n’est pas vrai, bien sûr. Pour arriver à comprendre à quel niveau je me suis égarée, il faudrait réunir toutes les mauvaises pensées de ces "amis" que je fréquente, comme si ce qu’ils pensaient séparément n’appartenait qu’à une seule personne, en l’occurrence, moi.
Une journée passée à vomir mes tripes, à dormir plusieurs heures d’un sommeil de plomb, à rester éveillée quelques heures sans vraiment être sûre de l’être, à lire Shakespeare et à murmurer les répliques comme pour mieux me les implanter dans la tête, et à me demander comment ça se fait que je suis encore en vie. J’ai l’impression d’être restée bloquée dans la journée de mardi, que mercredi n’a pas eu lieu, n’a pas existé, n’est pas déjà passé. Pourtant, j’ai de vagues souvenirs de ce mercredi flou ; quand j’ai appelé le boulot pour dire que j’étais malade, ou quand j’ai réussi à écrire un texto cohérent pour répondre à ma mère. Donc, nous sommes bel et bien jeudi… Merde. Je me sens si inutile là, à me prendre en pleine face le fait que j’ai passé une journée à ne rien faire. Toujours en vie hein, on se demande bien pourquoi…