Sur la piste de mon père #3
Un plan, c’est ce qu’il me faut. Je trouve cela rassurant, d’élaborer un plan. De devoir réfléchir à une certaine logique, de tourner les choses en tout sens afin de les faire concorder. Les lieux, les heures, les moyens de déplacement, les risques, les avantages, la peur, l’exaltation, les imprévus… il faut penser à tout en sachant pertinemment que c’est quelque chose qu’on ne pourra jamais faire avec succès. Il y a toujours quelque chose que l’on oublie. Alors, pourquoi je trouve cela rassurant ? Je suppose que c’est parce que j’accepte la situation. Le fait de réfléchir à un plan signifie que j’agis, que je mets en marche un mouvement qui aura des conséquences. Conséquences que je ne connais pas, bien sûr. Ce qui me rassure, c’est justement de ne pas savoir. Je peux choisir le départ mais l’arrivée n’est pas de mon fait. Parce qu’entre temps, ce qu’on appelle "le destin" fait son oeuvre. J’ai déjà dis que selon moi, le hasard n’existe pas. Dans la même idée, le destin n’existe pas vraiment. Hasard et destin sont pour moi les voix intérieures qui sont en nous, que l’on peine à entendre, mais quand on parvient à les entendre et à les comprendre, on sait. On ne sait pas ce que l’on sait, mais on sait. Et cela suffit.
J’ai une ébauche de plan. Bus inconnu, trajet long, et en prime, un village dont je ne garde que très peu de souvenirs me permettant de m’aider à me repérer. Ce ne sera pas facile.
Revoir mon père… ce sera un événement important, il y aura un impact qui en résultera. Sur moi comme sur lui. Alors je vais prendre mon temps. Prendre le temps qu’il me faut pour être prête le moment venu.