Portes ouvertes et portes fermées

Tout est deux

En deux fois, avec deux visages… tout ce que je vis est comme scindé en deux. Je perçois toujours les choses de deux manières différentes, deux parties qui parfois semblent s’affronter. Comme si dès qu’il m’arrivait quelque chose il se produisait en moi une sorte de bataille pour savoir laquelle de ces deux parties va l’emporter sur l’autre. J’imagine que tant que j’en suis pas au point de carrément faire les deux voix qui se disputent en moi, d’imiter comme dans une pièce de théâtre deux personnages qui ont une conversation houleuse sauf que ce n’est pas deux personnes mais juste… moi, et bien je peux encore me considérer à peu près apte à survivre correctement. Qui sait si peut-être, la prochaine fois qu’il me prendra l’envie de voir un psy, on ne me diagnostiquera pas schizophrène ? Mon père a bien était diagnostiqué bipolaire… Et puis, il paraît que si on a un parent qui a une fragilité mentale, on peut être plus sujet à ces problèmes-là que d’autres personnes. Pourquoi je raconte tout ce bordel, au juste ? Je lis trop de bouquins je pense. Faut que j’arrête de… d’intellectualiser mes troubles. Ouais, c’est ça, j’intellectualise.

Plus je regarde les épisodes de Breaking Bad et plus je me compare à Walt. Trop bizarre, hein, cette comparaison. Un homme, la cinquantaine, avec une putain de maladie qui décide de cuisiner de la meth afin de laisser après sa mort de quoi subvenir aux besoins de sa famille et… moi, une espèce de gamine de bientôt 21 ans qui a toute la vie devant elle et qui n’a même pas la plus pâle idée de ce que ça peut bien vouloir dire. Mais le truc, c’est que Walt aussi il a ces petits moments de lutte avec lui-même. Je sais pas si ça me fait un effet du genre consolation mais je pense que oui. Voir une série avec un personnage comme ça, ça me plaît. Au moins il existe quelqu’un sur cette terre qui a eu l’esprit assez chamboulé pour pouvoir créer cette histoire. Mais bon, entre les séries et la vraie vie, y a tout un monde, pas vrai ? J’aimerais vivre dans une histoire, parfois. Parce que, peu importe à quel point une histoire est complexe, à quel point les personnages ont des ennuis, à quel point les dangers qu’ils doivent affronter sont mortels, à quel point ils se sentent seuls et démunis, il existe toujours une porte de sortie. Alors que dans la vie, il y a rarement ces échappatoires salvateurs… non, dans la vie, soit tu affrontes tout et tu serres les dents face à la souffrance, si terrible soit-elle, ou alors tu fuis et là s’offre à toi tout un univers de drogues et autres échappatoires qui, eux, ne font que repousser l’échéance. On ne peut pas toujours fuir. Mais encore une fois, en moi se disputent les deux extrêmes… celle qui veut se battre et tenir bon et celle qui veut abandonner et qui préfère fuir.