Un coup après l'autre
Premier coup : visite prochaine aux grands-parents, engueulade assurée, après-midi gâchée, moment épuisant et décevant en prévision.
Deuxième coup : revoir Sol ce soir, vouloir lui parler et en même temps ne pas vouloir lui parler, garder mes distances et empêcher la souffrance d’envahir mon cœur du mieux que je pourrais.
Troisième coup : isolement et mise à l’écart par mes "amis", retour de la solitude.
Quatrième coup : propositions de débauches qui s’enchaînent et que je n’aurais bientôt plus la force de refuser.
A quand le prochain coup ? Combien de temps pourrais-je encore tenir sans m’effondrer ? Je ne suis pas si forte que ça ; je fais ce que je peux et souvent cela ne suffit pas. C’est impossible d’être toujours solide, de ne jamais être sur la défensive. Pourquoi ai-je l’impression que les gens autour de moi s’imaginent que je suis capable d’accomplir l’impossible, que je suis capable de tout prendre, de tout encaisser, et que rien ne me mettra à terre suffisamment longtemps pour me détruire ? Peut-être parce qu’ils passent tous leur temps à me tester, à me défier, à chercher à me blesser. Mais putain, je suis comme eux ! Je ne suis pas surhumaine, je ne peux pas survivre à tous ces coups. Ils leur faut quoi, putain ? Que je m’effondre en larmes ? Que je finisse par leur crier que je veux voir un psy ? Mais je ne le fais pas, je ne pleure pas des marres d’eau salée et je ne vais pas voir de psy afin de raconter ma vie et ses péripéties. C’est leur façon de réagir, ça. Pas la mienne. Alors ce serait ça ? Ils veulent que je réagissent comme eux quand je souffre ? Mais je ne suis pas comme ça, je ne peux pas être comme ça. Alors ils pensent que je ne souffre pas. Ils sont incapables de voir les autres signes de souffrance, mes signes de souffrance. Ces moments où je baisse légèrement la tête et où je regarde ailleurs comme si je pouvais détourner ma pensée avec la même rapidité, ces chansons que je traîne dans mon tel et que personne ne connaît, ces cauchemars que je fais et qui me foutent mes nuits en l’air, ces vieux jeux de cartes auxquels je joue pour me calmer, ces histoires que je m’invente afin de rendre les choses moins sombres qu’elles ne le sont…
J’ai mal, merde. J’ai peur. Même de moi. Surtout de moi.